Arcane XIII
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Arcane III
Arcane XV

 
 
Les Arcanes de la passion.
 
 

- Arcane Quinzième -



 
 

Elle avait confiance.
Tout avait commencé quelques instants auparavant. Dans cette grande chambre richement décorée, il s'était assis sur un canapé tandis qu'elle s'installait sur le lit à baldaquin. 
Il l'avait regardée. Ses yeux parlaient pour lui.
Elle ne s'était jamais vraiment trouvée belle. Trop grande, trop myope...trop fanée maintenant. Mais devant lui, devant l'éclat de son regard, la gentillesse de son sourire, elle se sentait fondre, elle se sentait séduisante. Elle se sentait revivre.
Puis il s'était levé. Elle avait commencé à déboutonner le haut de son chemisier, mais, d'un geste doux, il l'avait arrêtée. Il prit ses mains, l'entraînant à se mettre debout, face à lui. Il banda alors les yeux d'une écharpe de soie noire.
Béatrice avait toujours aimé avoir les yeux bandés. Le mystère, l'incapacité de percevoir les réactions de l'autre, tout cela contribuait à la création d'une atmosphère érotique, presque électrique, qui mettait en éveil chacun de ses sens.
Les mains de S. commencèrent alors leur lent et délicieux ballet. Par effleurements successifs, alternant gestes et caresses, elles effacèrent un à un les boutons de son chemisier, qui tomba bientôt sur le sol. Instinctivement, elle croisa les bras, cachant sa poitrine tandis qu'une légère rougeur de timidité embrasa ses joues.
Il caressa ses épaules, la base de son cou. Se plaçant derrière elle, il fit glisser les paumes de ses mains contre son dos, le bout de ses doigts effleurant sa peau comme autant de tactiles et chaudes gouttes de pluie. Encore un mouvement discret et ample, et elle sentit sa jupe glisser à son tour au bas de ses longues et fines jambes.
Il la contempla alors, vêtue des seuls atours qu'il lui avait demandés : talons hauts, Dim up noir, string noir satiné... sa poitrine étant dès l'origine laissée libre de ses mouvements.
Il prit alors une paire de longs gants opéra noirs, et les tint dans les mains jointes de Béatrice. Elle mis quelques instants à comprendre ce qu'ils étaient, puis s'affaira à les enfiler, le plus élégamment possible.
Cette opération la troubla, pour 2 raisons. Elle trouvait surprenant cet exercice d'effeuillage à l'inverse (cette pensée, ajoutée à la douceur du satin sur sa peau, ajouta d'ailleurs à son excitation), mais elle se demandait surtout si l'utilité de cette accessoire n'était qu'esthétique.
Elle ne tarda pas à comprendre. Saisissant ses mains, il les joignit derrière le dos, tandis qu'une corde souple et douce les entrava bientôt. L'effet fut immédiat. La surprise n'était que relative (S. tenait par dessus tout à fixer les règles du jeu de façon précise, et elle savait (et avait accepté avec enthousiasme) qu'un peu de bondage ferait partie du cocktail de leur rencontre. Mais il y avait tant de temps qu'elle n'avait pas été attachée, qu'elle n'avait pas ressenti l'ivresse de la soumission physique dans les mains de quelqu'un d'autre, qu'une fois de plus son émoi fut presque visible, et assurément érotique.
Le souci du détail trahissait la considération de S. Les gants, montant jusqu'au dessus du coude, étaient sans doute un de ces atours fétichistes, mais ils assuraient également une parfaite protection de ses poignets. Sans laisser de trace qui auraient pu trahir la réalité d'un après midi présumé consacré aux joies de shopping...
L'acte suivant fut plus insidieux. Une autre corde s'entrelaça bientôt entre les coudes de Béatrice, et son étreinte progressivement ajustée finit par totalement la priver du moindre mouvement. Sans oublier qu'elle se cambra instinctivement, pour le plus grand plaisir de son jeune maître...
Il la guida alors vers le lit, lentement, la laissa s'appuyer contre lui, et lui intima de s'y agenouiller. Lorsque cela fut fait, deux larges ceintures de cuir virent s'enrouler entre chaque cuisse et chaque cheville, amenant Béatrice à être prisonnière de cette humble position.
Il recula d'un pas, et contempla le superbe et émouvant spectacle. Le souffle légèrement trop rapide de Béatrice montrait son excitation, de même que les réactions subtiles de son corps.

Il ne restait qu'une pièce pour assembler le merveilleux puzzle et commencer le jeu. Il s'agenouilla derrière elle, caressa ses cheveux, son visage, son cou...
Béatrice sentit enfin contre sa bouche glisser une matière douce et rigide. Il jouait avec, et ses lèvres lui révélèrent sans peine l'aspect sphérique de l'objet. Une lanière de cuir lui caressa la joue, tandis que son ouie acérée perçut le tintement métallique de ce qu'elle comprenait être le fermoir.
Elle connaissait la signification de l'acceptation qu'elle s'apprêtait à faire. En ouvrant la bouche, en se laissant bâillonner, elle acceptait sa domination, elle s'abandonnait à lui et devenait esclave son bon plaisir. Ligotée, forcée au silence et privée de la vue, elle était complètement à sa merci.
Le mélange d'appréhension et d'excitation qu'elle éprouvait faisant courir dans ses veines le sucre du désir. Elle s'enivra un instant du parfum d'interdit qu'elle sentait presque, et lui donna la confiance qu'il demande. Quand la lanière de cuir fut ajustée, elle sut qu'autre chose allait venir... mais l'ignorait.
Allait il se contenter de la regarder, de jouir du spectacle, l'incitant à se débattre ? Ou bien abuser d'elle froidement, comme un géreur d'habitation créole testant l'esclave qu'il vient d'acheter ? Ou bien encore lui infliger une fessée humiliante... et délicieuse.
La réponse vint sous forme d'un parfum. Lourd, sucré, il emplit ses sens... Elle connaissait cette odeur : une huile de massage.
Ses mains reprirent alors leur ballet sur sa peau nue, mais avec une douceur décuplée. Chacun de ses gestes l'embrasait de désir, tandis que ses caresses calculées transformaient son corps en un instrument merveilleux. Ses mains semblaient avoir leur existence propre : tendre lorsqu'elles s'appliquait à soulager le courbure de ses épaules, douces lorsqu'elle s'appliquaient sur son ventre, libertine quand elle jouaient et excitaient sa poitrine.
A ce concert s'invitèrent bientôt d'autres virtuoses. Elle sentit sa bouche, tour à tour humide ou caressante, se poser sur chaque pouce de son corps, lui arrachaient de premiers soupirs de plaisir lorsqu'elle aguicha la pointe de ses seins. Puis ce fut son corps. Il était désormais torse nu, et la plaquait contre sa peau lorsqu'il la prenait dans ses bras en une infinie et délicieuse caresse. Elle sentait sa chaleur, sa douceur, sa respiration calme et ample. Pour être moins grand qu'elle, il n'en était pas moins habile. Ses caresses se firent alors plus sélectives, et elle comprit bientôt que son seul souci était de lui donner le plus grand des cadeaux. Progressivement, avec patience, attention, légèreté, perfection, il utilisa ces talents à bâtir le plaisir de Béatrice.
Elle était folle, sentant monter en elle des vibrations, des sensations inouies et délicieuses. Son esprit fantasmait, amplifiant encore l'extase qui prenait possession de tout son être.
Elle l'imagina ôtant son bâillon, puis l'embrassant fougueusement, l'agrippant par les cheveux. Enfin il l'amenait à embrasser son cou. Puis plus bas, son torse. Puis plus bas, son ventre. Puis...
Ces folles idées l'embrasèrent, et son corps la trahit. Du fonds de son être monta une vague de jouissance qui l'emporta, la submergea, l'engloutit. Elle gémit par delà l'obstacle, ses membres se crispant sur ses entraves tandis que sa délicieuse immobilisation accentuait encore la tempête qui soufflait en elle.
Son bandeau l'empêcha de voir autre chose, que S. préférait garder pour lui. Il souriait, heureux du plaisir qu'il venait de lui donner. Son parfum, ses senteurs s'imprégnant dans son âme comme autant de souvenirs. Elle était libérée par delà ses liens, et son âme explosait dans un plaisir pur et mérité.
Il l'allongea, essoufflée, luisant d'huile et de sueur, et ses caresses accompagnèrent doucement la pause nécessaire qu'elle s'accorda au creux des draps froissés.

Lorsqu'elle fut apaisée, il détacha les liens. Il la couvrit de baisers, de dernières caresses, tandis qu'elle sombrait dans un léger sommeil.
Quand elle s'éveilla et ôta son bandeau, il avait disparu.
Sur le lit, une carte, portant l'inscription manuscrite 
- Découverte sans tabous  -

Elle sourit...


 
 


 
 


 


 
 

 


 
 
 
 
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